Archive pour la catégorie ‘Patrimoine’
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Les araires gravés du Mont Bégo, une approche technologique et éthnologique, par Henri pellegrini
Posté le 20 mai 2024 - par attelagesbovinsdaujourdhui
Quand la corne arrachait tout, réédition du livre par l’Association Violette et François JUSTON
Posté le 7 mars 2024 - par attelagesbovinsdaujourdhui
Maison Michel-Clément, jougtiers-boisseliers à Charolles
Alice Michel-Fèbvre est l’une des filles de Claude Michel qui excerça le métier de fabricant de jougs à Vendenesse-les-Charolles dans un premier temps, puis à Charolles, rue Gambetta.
Alice Michel-Fèbvre nous propose un petit historique de l’activité de son père et de son grand-père, en nous livrant ses souvenirs.
Merci à elle pour cette participation.
« Mon grand-père, Pierre Clément né le 16 Octobre 1854, à Vendenesse-lès-Charolles, était installé sur la commune au lieu-dit « Molaise ». Il fabriquait des jougs pour la demande locale.
C’était un travail artisanal qui laissait libre cours à la forme particulière et personnelle qui s’adapterait le mieux à celle de l’animal pour lequel il était destiné, en l’occurence, les vaches et les boeufs Charollais. C’est ce qui fît la renommée du fabricant.
Pour exercer cette activité, il fallait une autorisation du directeur des contributions de l’arrondissement. En effet, le percepteur de Charolles, Monsieur P.Finaud, lui délivra l’avertissement-formule suivant:
« Monsieur Pierre Clément demeurant à Molaise sera redevable de la somme de 58 francs 90, pour exercer l’activité de marchand forain, n’allant pas à plus de 20 kilomètres de sa résidence à l’aide d’une voiture à quatre roues avec collier ».
Depuis, l’atelier de « Molaise » où travaillait Pierre Clément a été détruit au moment de la modification du tracé de la route Express dans les années 1980.
Après la guerre de 1914, Monsieur Claude Michel, né le 12 Août 1885 à Suin, revient au pays, miraculeusement épargné par l’horreur de la Grande Guerre, après sept ans sous les drapeaux, service militaire compris. La paix retrouvée, malgré sa formation d’électricien dans les ascenseurs à Paris, Claude Michel est attiré par son Charollais.
Il épouse en 1919 sa promise, Antoinette, née le 2 Août 1885 à Vendenesse-lès-Charolles. C’est précisément la fille de Pierre Clément, le fabricant de joug bien connu. Le jour venu, après avoir travaillé quelques années avec son beau-père, malgré sa formation d’électricien en ascenseur, il prend tout naturellement sa succession. Il s’installe à Charolles, rue Gambetta. Son atelier a été aussi détruit, il y a quelques année pour dégager une partie des remparts de la ville.
La fabrication de jougs se poursuit jusque dans les années 1950.
Claude Michel va en forêt choisir ses arbres, des hêtres et des bouleaux, il en effectue le cubage avec une étonnante facilité, lui qui se vantait d’aller à l’école uniquement le Jeudi, jour de repos de l’époque. Le calcul mental semblait pour lui d’une évidente simplicité, tant il était doué.
Une fois la matière première repérée et achetée, les arbres étaient abattus à l’aide d’un immense passe-partout. Il avait ensuite recours aux services des rouliers messieurs Machillot ou Burtin de Charolles, avec leurs grands boeufs Charollais attelés pour effectuer le débardage.
Les troncs étaient alors déposés à la scierie Sabatier-Roberjon, route de Mâcon à Charolles, pour obtenir des sections de bois vert dans lesquels seront sculptés les jougs.
A l’atelier, après avoir tracé des repères avec des gabarits, quelques ébauches étaient données à la scie à ruban avant de commencer le travail très physique de ces pièces, qui allaient devenir le moyen d’atteler des boeufs et de leur donner ainsi toute leur puissance de traction.
Il fallait se rapprocher le plus possible de l’anatomie bovine. Quelques fois, une retouche était donc nécessaire suivant l’animal.
A genoux sur le sol de l’atelier, face à ce gros blocs de bois vert, protégé par un immense tablier et un coussin de toile rempli de frisons de bois, il dégrossissait pour ébaucher la forme, à l’aide d’herminettes, de grosses gouges et de planes.
Cela demandait une force évidente pour obtenir enfin, après des heures de travail, la forme désirée.
La finition s’effectuait à la râpe et au papier de verre.
Les formes étaient variables selon le modèle et la région. Trois tailles étaient proposées.
Dans la région, on proposait des jougs découpés Charollais et des jougs droits. Pour l’Auvergne où il avait une clientèle de grossistes, il proposait un modèle particulier.
La famille de Gramont de Lugny-lès-Charolles, qui possèdait une exploitation sucrière dans le bassin de l’Ile de France, avait fait une commande d’une vingtaine de jougs qui étaient partis pour lier les boeufs de l’exploitation. Ils avaient été payés en numéraires et en nature avec du sucre en poudre.
La production était gravée sur le bois avec un fer chauffé au rouge: c’était la signature de l’artisan-artiste CLEMENT.
A la vente, ils étaient accompagné d’accessoires:
Les « cordets » en cuir torsadé, qui soutiennent l’attelage au joug.
Les « pieumets » , petits coussins de paille de seigle qui protége la tête des boeufs ou des vaches attelés de la tension des liens.
Les sangles appelées « layoure » ou « liures » en cuir.
Les « vire-mouches » avec ses ficelles qui, pendues devant les yeux, et par leur mobilité continue, éloignaient les insectes.
Mon père travaillait beaucoup et de toutes ses forces, pour réaliser durant l’hiver, des réserves de matériels à vendre avant les ventes de printemps et de la belle saison.
Il employait plusieurs personnes suivant la demande, mais a toujours eu un employé embauché à l’année.
J’ai grandi dans cette atmosphère où l’odeur du bois s’est révélée inoubliable. Les années ont passé, la demande de jougs s’est peu à peu ralentie avec le remplacement progressive des bovins de trait par les chevaux puis par la mécanisation qui s’installait.
Dans le courant des années 1920, il a fallu pour assurer la stabilité financière de la famille, s’orienter vers d’autres fabrications, avec toujours cette merveilleuse matière première qu’est le bois.
C’est ainsi que barattes, moules à beurre ovales ou rectangulaires à décors de vaches, de fleurs ou de glands, cages à fromages, garde-manger, broyeurs à pommes de terre, vêleuses, ruches en bois, râteaux à blé et à foin en bois, selles à laver, battoirs à linge, pelles à grain, manches de faux, faux à blé avec un râteau intégré, fléaux, jeannettes sur pied (50X15) de repasseuse pour repasser les manches de corsages et de chemises, des « potets » (couffin d’aiguisage ») que l’on pendait à la ceinture, et qui contenaient la pierre d’aiguisage pour affûter les faux.
Les jouets en bois sont venus renforcer la gamme des produits:
Tricycles, brouettes d’enfants, trottinettes, luges et aussi tableaux noirs d’écoliers.
Les affaires étaient prospères. Il fallut même adapter la fabrication aux besoins de la clientelle Auvergnate, notamment pour les jougs et pour la forme des râteaux à foin avec une certaine courbure de dents, obtenue par immersion dans l’eau bouillante.
On a changé de siècle depuis, mais la merveilleuse aventure est intacte dans mes souvenirs. Mon père était de ceux qui trouvaient le bonheur dans le travail.
Avec l’âge, lorsqu’il cessa son activité vers 1955, il continua malgré tout à aller tous les jours à son atelier « tourner autour de son établi » comme il aimait à le dire. »
Alice Michel-Fèbvre.
Cliquez sur les photos pour les agrandir
Fers à marquer
Carte mentionnant en haut « Fabrique de jougs »
et en bas à droite « cordes, liures cuir, cordets etc ». Ce sont là tous les accessoires nécessaires à l’utilisation des jougs Charollais (dans cette région du Charollais et du Brionnais, les liens sont mixtes en cuir et corde, les cordets sont les anneaux de traction en cuir tressé).
Monsieur Michel à gauche et un ouvrier, devant l’atelier, rue Gambetta à Charolles
Lettre de commande de jougs
Stand de la foire-exposition de Paray-le-Monial
On y voit, à gauche de la photo, sur un présentoir, les jougs découpés Charollais rangés par taille, et tout en haut, les jougs droits.
Dépliant mentionnant en bas à gauche, « jougs droits et découpés ».
Toute la famille devant l’atelier rue Gambetta
Posté le 4 janvier 2024 - par attelagesbovinsdaujourdhui
Taille d’une reproduction d’un joug datant de l’âge de fer
Taille d’une reproduction d’un joug datant de l’âge de fer d’après un document de Stuart Pigott de 1949 issu de fouilles réalisées dans des tourbières d’Irlande du Nord.
Taille par Michel Nioulou et Gilles Péquignot en Décembre 2023 à Charnay lès Mâcon en Saône et Loire.
Ce joug est destiné à rejoindre l’exposition de jougs à l’occasion d’un symposium sur l’attelage bovin à Lorsch en Allemagne les 8, 9 et 10 Mars 2024.